Baltimore, grande ville américaine, chaleur d’été étouffante. Je me promène dans ses rues sans la connaître. Je suis pourtant censé y être né, et y habiter par-dessus le marché. Mais rien, comme un étranger, un touriste découvrant la cité, je marche, je repère, je mémorise. Du moins j’espère m’en souvenir plus tard. Je n’y suis pas à l’aise, trop de bruit, peuple moribond, malsain ou irascible, peu enthousiaste. Le stress est omniprésent ici, mais je ne le ressens pas. Je reste neutre, je marche droit devant moi, carte en main, à essayer de trouver mon appartement, ou maison. J’ignore encore ce qu’il en est, si je vais la reconnaître, ni comment y entrer. Mais je n’en suis pas encore là.
Je passe devant un café, m’y arrête et commande un expresso. Machinalement. Comme ancré dans mon existence. Assis au comptoir, je déguste le breuvage noir au goût corsé et puissant. Je l’apprécie à sa juste valeur, il est bon. La pièce donnée, pourboire compris dedans, je remercie la serveuse et quitte l’enseigne. Retour à la ville, à la jungle urbaine, claque visuelle, auditive et olfactive. Cette ville pue la pollution et la malbouffe, le gras et la sueur. Lunettes Ray Ban vissées sur le crâne, main dans une poche, l’autre tenant la carte de la ville, je bifurque dans une ruelle. Apparemment le plus court chemin, peut-être pas le plus sûr. Devant moi, deux hommes, probablement des voyous vu leur air agressifs et les couteaux en main, sont en train de faire peur à une troisième personne, une femme. Elle est effrayée, ils lui demandent tout leur pognon, et bijoux. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils m’ont vu. L’un d’eux s’approche de moi d’un air menaçant, faisant des moulinettes avec son couteau papillon. Il me demande de partir, de m’occuper de mes affaires et passer mon chemin. Devant mon impassibilité, il me menace de me trouer le buffet.
- "Essaie toujours"
Je lâche ces deux mots par pur instinct, automatisme, fusillant du regard mon agresseur.
Je lâche ma carte, sors mon autre main de la poche.
Il fonce vers moi, arme son bras et tente un coup de couteau.
Réflexe 1, blocage du coup en choppant son poignet. Il est surpris de la vivacité avec laquelle j’ai stoppé son geste.
Réflexe 2, torsion rapide du poignet. Il hurle et lâche son arme. Je secoue lentement la tête, il me fait pitié.
J’enchaine avec une simple torsion du bras l’obligeant à rencontrer le sol. Sans rien faire de plus, pas de coups, pas de mal hormis le poignet, pas de fracture.
L’homme se relève, lance des injures à mon encontre, il n’a toujours pas compris. Il fonce sur moi, prêt à décocher un coup de poing.
Réflexe 3, blocage du coup avec mon bras, je ne lui laisse pas le temps de répliquer.
Réflexe 4, coup de poing à un endroit précis au niveau du cœur, sec, rapide. Point de compression, arrêt très bref du cœur causant l’évanouissement de l’agresseur.
Un de moins.
L’autre voyou a vu la scène, il bouscule violemment sa victime pour me faire face, couteau en main. Il attaque. Ces jeunes… Il frappe, je l’allonge par terre via un croche pied. Je lui coince son bras armé entre mes jambes, et exerce une pression sur la nuque en tirant sa tête en arrière avec mes mains jointes sur sa face. Il lâche le couteau. Il hurle, essaie de se débattre, n’en peut plus, il me supplie d’arrêter. Il veut que je l’épargne.
- "Je te recroise, je te tue."
Simple, direct, concis. Limpide pour ma victime qui s’enfuit dès que je le lâche, emmenant avec lui son comparse dans les vapes. Je ramasse les couteaux et les jette dans la première poubelle venue. La jeune femme me remercie, je hausse la tête et repars sans rien dire. Elle me gueule ensuite dessus, je n’en ai cure. Elle se débrouillera, elle a la voie libre désormais. J’ai du chemin à faire de mon côté.
Encore quelques kilomètres à faire et je serai chez moi. Malgré mon manteau, je n’avais pas chaud, ni froid. La canicule ne m’affecte que très peu. En fait, je m’en fiche, seul compte mon objectif, arriver chez "moi". Dans une poche, je sens un objet, j’en ressors un appareil électronique miniature muni de deux écouteurs. Un baladeur numérique. Pourquoi pas. J’installe les oreillettes dans les orifices appropriés, et met en marche l’appareil. Sur l’écran : Hammerfall – Dark wings, dark words. J’écoute la mélodie, analyse les paroles. J’accroche à l’ensemble, je repense à mon supposé métier, lutteur. Je vois cette chanson comme une bonne entrée en matière. Faisable, possible… Mon choix s’est arrêté, j’entrerai en scène avec cet air.
Sam 25 Avr - 5:19 par 
Sujet: Chapitre 4 