Darkness
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Date d'inscription : 29/09/2009
 |  Sujet: Chapitre 1  Mar 7 Juin - 4:22 | |
| J’ouvre les yeux. Rien ne m’est familier. L’odeur de murs neufs et de peinture fraîche, le mobilier sobre, la pièce en elle-même – une sorte de vestiaire individuelle – et le canapé rustique au matelas dur sur lequel je suis allongé, tout cet environnement m’est étranger. Je sens tous mes muscles endoloris, courbatures, migraine, mes os craquent comme si j’avais passé une trop longue nuit de sommeil.
Il me faut du temps pour recouvrer mes esprits, et permettre à mon corps de se décrasser de toute cette rigueur. Je ne suis jamais venu ici… enfin je crois. En fait, je n’ai aucun souvenir de mes faits passés avant de me réveiller. Mon nom m’échappe également, rien ne me vient. Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Les questions les plus simples ne trouvent aucune réponse dans ma tête, comme si quelque chose avait aspiré toute mon identité, comme si on m’avait lavé le cerveau, ne laissant que la réflexion comme seule arme.
Des indices, il me fallait des indices pour avancer un minimum. Je passe chaque parcelle de la pièce au peigne fin, du regard tout d’abord. Un lavabo jamais servi, une glace, un placard, un sac de sport vraisemblablement rempli, deux entrées. L’une devait sûrement mener à une douche ou une salle de bain, selon ma logique, je verrai ça plus tard. L’autre était la porte d’entrée, encore une fois en toute logique. Ce qui éveille ma curiosité et mon désir d’en découvrir davantage sur moi-même et ce qui m’entoure, c’est tout d’abord ce sac, posé là, par terre, juste à côté de moi. Démangeaisons sur le revers de ma main droite, je remarque un tatouage à cet endroit, dessiné tout récemment si j’en vois les rougeurs tout autour de cet étrange symbole.
Pour ne rien changer, il ne me dit rien du tout, l’inconnu complet. Le néant.
J’ouvre lentement le sac, et en sors un à un ce qu’il contient. De la pommade anti-inflammatoire, comme par hasard… Lien évident avec cette marque brûlante sur ma main droite. Des bandages noirs, même chose, à moins que cela ne soit un moyen de cacher ce tatouage. Bottes rembourrées solides, pantalon usé, tenue moulante de lutte, nécessaire de toilette… Je suis donc un sportif, un lutteur. Vu les accessoires, je penche du côté de la lutte professionnelle. C’est déjà ça de pris, et de là, je devrais rapidement savoir qui je suis, via mon contrat. Aucun papier dans ce cas, évidemment c’aurait été trop beau pour être vrai. Il ne reste donc plus qu’à découvrir le contenu du placard.
Je me lève et m’étire, je manque de tomber à la renverse, mes jambes n’ayant pas encore recouvré toute leur vigueur. D’instinct – je ne pouvais le définir autrement – je fais des étirements, ainsi que des pompes. Etrange sensation… je le fais, c’est un déclic, et cela m’apaise, mais en même temps je n’ai pas l’impression de le vivre comme un moment à moi, de le faire parce que j’en ai envie, mais par pur automatisme. Je n’oublie cependant pas mon objectif premier, le placard, découvrir ce qu’il contient. Je me dirige vers lui.
Ce qu’il renferme m’apporte autant de réponses que de nouvelles questions. Des clés, dont une de voiture au vu de sa forme, un portefeuille noir, une enveloppe, des lunettes noires Ray Ban, des gants de cuir, une montre plutôt classe sans en faire trop. Côté penderie, un trenchcoat noir, et des chaussures de ville. Le noir et le discret est apparemment de rigueur, je ne m’en plains pas. Côté portefeuille, je découvre ce qui peut être mon nom estampillé sur un permis de conduire : Allan Philip Harmore. Un photomaton montre le visage d’un homme de race blanche proche de la cinquantaine, cheveux blanc plutôt courts, yeux bleu acier, face peu expressive. Même chose en ce qui concerne la carte d’identité. J’apprends alors que je suis natif de Baltimore, Maryland, Etats-Unis, né un 29 août 1961, et habitant la même ville. Encore cette étrange sensation qui me titille, de voir toutes ces informations mais de continuer à penser que ce n’est pas… moi. Les faits sont là, les éléments parlent d’eux-mêmes, mais rien n’y fait, je ne suis pas convaincu. Un peu d’argent de poche et une carte de crédit pour finir, avec un bout de papier contenant 4 chiffres. Probablement le code de la carte. Autre détail qui me démange, pourquoi un code bien visible pouvant être volé ou mémorisé par quelqu’un d’autre ? A chaque pas en avant, deux pas en arrière. Trop beau pour être vrai. Pour finir, un peu d’argent de poche.
L’enveloppe maintenant. FN Nation Wrestling Elite, fédération de lutte professionnelle installée à Baltimore. Un contrat au nom de Allan Philip Harmore, alias Alpha. Je ne devais pas être bien éveillé pour avoir pondu un pseudonyme pareil. A moins que… Cette marque, ce tatouage… Il représente un A, comme Alpha. Cela devient plus logique. Mais que représente le numéro 4 ? Encore une question, encore une fois sans réponse. « La vie est ainsi faite »… mais qu’est-ce que je peux savoir de la vie si j’ai tout oublié ? Passons… Je sais maintenant qui je suis, je sais ce que je fais comme métier, du moins en partie. Pourtant je ne suis pas satisfait. Je me sens étranger à tout cela, ces fringues, ces infos, ce nom. Ce n’est pas moi… mais je vais m’en contenter, pour le moment.
Je passe un peu de pommade sur le tatouage, j’applique un bandage au même endroit, et je me prépare à sortir découvrir le monde, et moi par la même occasion. Je passe devant le miroir, je me découvre. Cheveux blancs, yeux bleus, visage présentant les traces du temps qui passe. Identification confirmée, enfin par rapport à la carte d’identité et le permis. De là à ce que cela soit vrai… | |
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